Ecoles de Commerce Liste des écoles Circulaire Guéant, les jeunes diplômés étrangers interdits de travailler en France

Circulaire Guéant, les jeunes diplômés étrangers interdits de travailler en France

Ils ont une vingtaine d’années, ont fait les plus grandes écoles ou universités, ont du talent et des compétences à revendre et pour certains une promesse d’embauche en poche. Pourtant malgré de telles qualités qui feraient rêver n’importe quel employeur, ils ne sont plus les bienvenus en France. « Ils » ce sont les milliers d’étudiants étrangers qui sont touchés par les conséquences de la circulaire Guéant.

Qu'est-ce que la circulaire Guéant ?

Cette circulaire, vous en avez sûrement entendu parler aux informations. En fait, celle qu’on appelle circulaire Guéant ou circulaire du 31 mai est une circulaire adressée par Claude Guéant et Xavier Bertrand à l’ensemble des Préfets de France à propos de, je cite, « la Maitrise de l’immigration professionnelle ». Le but affiché de cette circulaire est donc en résumé d’encadrer plus rigoureusement les conditions d’admission du titre de travail sur le sol français. L'objectif de cette politique rigoriste : « adapter l’immigration légale aux besoins comme aux capacités d’accueil et d’intégration de la société française » et donc limiter de moitié l’immigration professionnelle en ces temps de crise. Sont donc concernés l’ensemble des étudiants et travailleurs étrangers, hors Union Européenne (car cela irait à l’encontre du traité de libre-circulation des travailleurs dans l’UE), lors de leur changement de situation ou lors du renouvellement de leur titre de séjour.

 « La procédure de changement de statut (étudiant demandant un titre de séjour professionnel) devra faire l’objet d’un contrôle approfondi »

Quelles sont les conséquences et réactions face à cette circulaire ?

Premièrement, les conséquences sont les plus désastreuses pour les étudiants. Certains journaux estiment à près de 8'000 les étudiants de Grandes Ecoles, et pas moins de 15'000 en Université, qui seraient touchés par les effets de cette circulaire.

En clair, elle complique l’obtention d’un titre de séjour professionnel et c’est donc à la sortie des études que les étudiants se voient refuser leur changement de statut.

Ainsi, la circulaire, sujette à appréciation de la part de chaque préfecture, a entrainé un durcissement des contrôles voire un refus systématique des dossiers comme nous ont avoué certains étudiants. En conséquence, ceux ayant déjà signé un contrat de travail se retrouvent dans l’impasse. Ils ne peuvent ni chercher un travail ailleurs ni rester travailler en France. D’autre part, ceux ayant pour projet de trouver un travail en France se voient découragés. Les entreprises sont, en effet, moins enclines à débuter un processus de recrutement et à investir dans un étudiant qui verra certainement son titre de séjour professionnel refusé. Cette pratique est à priori illégale, mais qui vérifie vraiment les raisons réelles d’un refus de candidature ?

Face à cela, de nombreuses associations et les politiques manifestent contre les effets de cette circulaire. C’est le cas notamment du Collectif du 31 Mai qui regroupe près de 5'000 étudiants d’écoles et d’universités. Soutenu par la Conférence des Grandes Ecoles, ils dénoncent dans les médias les conséquences de cette circulaire et appellent à sa suppression. Ils sont notamment à l’origine d’une manifestation, le 13 octobre, où près de 500 étudiants des plus grandes écoles ont déchirés symboliquement leur diplôme. Un mouvement qui ne s’arrête d’ailleurs pas aux frontières de la France puisque l’on retrouve également des témoignages de leur combat en Espagne, en Chine, aux Etats-Unis…

C’est de plus cette dimension internationale qui risque à court ou à long terme d’avoir des effets sur la politique française puisque cette circulaire menace directement le rayonnement de la France et son attractivité à l’étranger. La France est, en effet, le 3ème pays qui accueille le plus d’étudiants étrangers au monde. En limitant la possibilité aux étudiants étrangers d’avoir une expérience professionnelle en France, le pays freine par la même l’attractivité de son système éducatif. « Les étudiants étrangers qui réfléchissent en ce moment même à l’endroit où ils vont suivre leurs études reçoivent un message très négatif de la France » déclarait d’ailleurs récemment Pierre Tapie, Président de la CGE. En réponse à cette restriction, de nombreux pays s’alarment. C’est le cas notamment de la Chine qui a fait savoir qu’elle limiterait « drastiquement » les VIE si la circulaire n’est pas modifiée. Des réactions qui inquiétent les écoles qui pourraient voir leurs partenariats avec les universités et les entreprises étrangères remis en cause du fait de cette circulaire.

Quelle est la réponse du gouvernement à ces réactions ? 

Face à cette levée de bouclier d’une partie de la population qui juge cette circulaire absurde économiquement et politiquement, le gouvernement français a tenté de s’expliquer. François Fillon a ainsi écrit une lettre le 22 novembre à Pierre Tapie où il assure que  « les étudiants étrangers qui ont obtenu au moins un master en France pourront rester pour une première expérience professionnelle sans que la situation de l’emploi puisse leur être opposée » car « Notre objectif est d’attirer les meilleurs étudiants du monde » (Le Monde 30.11.11).

Dans l’attente de preuves tangibles à ces déclarations, espérons que la situation se réglera au plus vite pour que l’ensemble des étudiants qui souhaitent participer à l’économie française puissent faire part de tous leurs talents qu’ils soient français ou non.

Grégoire Lemesle AUTEUR : Grégoire Lemesle

Ancien CM @Ecoles2commerce, Consultant Digital @ CGI Business Consulting. Diplômé de l'ESC Grenoble. Passionné de Social Media, Nouvelles Technologies et des problématiques de Recrutement et d'Entreprise 2.0. Suivez-moi sur Twitter @gregoirelemesle

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