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Le Sénat épingle les CPGE

" La prépa se ferme. Selon un rapport du Sénat sur la diversité sociale et l'égalité des chances, rendu public aujourd'hui, seul un élève de classe préparatoire sur dix (9 %) vient d'un milieu défavorisé, contre un sur trois (29 %) il y a vingt ans. En hypokhâgne, math sup et prépas HEC, l'élite reproduit de plus en plus l'élite ! Selon le rapport, les responsables de cette panne de l'ascenseur social sont multiples : les profs de collège et de lycée n'informent pas assez leurs ouailles, ceux de prépa infligent des notes « dures et déstabilisantes », l'Etat répartit mal les classes - une quinzaine de départements, notamment ruraux, sont dépourvus de prépas - et les élèves s'autocensurent.

Philippe Heudron, membre de la Conférence des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), reconnaît que « les professeurs doivent s'investir davantage pour mieux informer les élèves », imaginant même « un droit de visite dans les lycées, pour expliquer que la prépa n'est pas ultra-sélective et que plus d'un élève sur deux reçoit une réponse positive après avoir postulé. »

Néanmoins la démocratisation de ces fabriques à élites est en cours. L'an dernier, Henri-IV a lancé une « prépa à la prépa » destinée aux élèves boursiers. Et le prestigieux lycée parisien Saint-Louis accueille depuis cette rentrée quatorze jeunes issus de quartiers réputés sensibles (lire ci-dessous). Avec des moyens conséquents, ceux-là même que le rapport du Sénat souhaite voir se développer. L'internat notamment, « un gros plus pour travailler à fond, sans avoir à rentrer chez moi tous les soirs », sourit Christian, 18 ans. Originaire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), il vient d'intégrer la première année de math sup. Et un système de bourses, utile quoique « insuffisant, selon Christian, pour payer les fournitures, les livres, la cantine ». Philippe Heudron, de la CPGE, rappelle que « 22 % des élèves de classes préparatoires sont déjà boursiers, ce qui n'est pas si mal pour des classes réputées fermées ». Le rapport demande malgré tout d'améliorer le système des aides. Une des clés pour redémarrer l'ascenseur social. "

par Laure de Charette pour le 20minutes

source : www.20minutes.fr


Extraits de la synthèse du rapport


Présentation

" Si les grandes écoles n’ont pas le monopole de la formation des élites dans notre pays, du moins occupent-elles une part majeure dans ce processus. Les classes préparatoires ne constituent pas la voie exclusive pour y accéder, mais la principale et la plus prestigieuse. Or, la faible diversité de l’origine sociale de leurs étudiants est préoccupante. Elle traduit une panne de l’« ascenseur social » et suscite une forme de reproduction des élites. Cette situation est préjudiciable à la fois pour les jeunes issus de milieux non initiés aux méandres de notre système éducatif, pour les grandes écoles - il existe plus de 200 écoles d’ingénieurs et autant d’écoles de gestion - qui ont mission de former nombre des futurs cadres dirigeants de notre pays, et pour les entreprises qui ne trouvent plus au sein du vivier des jeunes diplômés la diversité des talents et des personnalités qu’elles souhaitent recruter. "

Les principaux problèmes

" - un phénomène d’autocensure, d’ordre à la fois socioculturel et psychologique, qui renvoie notamment aux défaillances de notre système d’information et d’orientation.

- des handicaps financiers (logement, frais d’inscription aux concours, coût des études, travail salarié peu
compatible…).

- des inégalités territoriales d’accès aux classes prépas, qui se conjuguent, bien souvent, aux inégalités sociales ou culturelles. Elles ne concernent pas seulement les banlieues difficiles, mais également les zones rurales enclavées ou les zones industrielles en reconversion. "

Quelques chiffres

" - 5 % des élèves entrés en 6è accèdent aux grandes écoles.

- 9 % des bacheliers généraux et technologiques d’une génération intègrent une classe préparatoire. C ’est le
cas de près de 20 % des bacheliers scientifiques et d’1 % des bacheliers technologiques.

- dans les années 1970, un enfant d’ouvrier avait 28 fois moins de chances qu’un enfant de cadre supérieur
d’accéder à l’enseignement supérieur ; il en a 7 fois moins aujourd’hui.

- 43 % des enfants d’enseignants accèdent à un baccalauréat général scientifique, contre 6 % des enfants
d’ouvriers non qualifiés ; or, 72 % des étudiants en classe prépas sont titulaires d’un bac S.

- 54 % des étudiants en classes préparatoires sont issus de milieu favorisé ; c’est le cas de 41 % des étudiants
en médecine, de 29 % en licence et de 16 % dans les sections de technicien supérieur.

- 4 % seulement des élèves de classes prépas sont des bacheliers technologiques ; dans les classes qui les
accueillent, 27 % des étudiants sont issus de milieu favorisé et 27 % de milieu défavorisé.

- 21 départements sont dépourvus de classe préparatoire publique.

- 1 étudiant en classe prépa sur trois est scolarisé en Ile-de-France, 18 % à Paris.

- si 16 % des lycées proposent une offre de classes prépas, c’est le cas de près du tiers des établissements
considérés comme favorisés. "

Propositions

" 1) Améliorer l’information des élèves et des familles sur l’ « éventail des possibles ».

2) Remédier aux défaillances du système d’orientation des élèves.

3) Démystifier les classes préparatoires.

4) Restaurer l’équité territoriale, notamment en faveur des zones rurales et des banlieues.

5) Généraliser le tutorat.

6) Lever les handicaps financiers.

7) Remédier à la pénurie d’offre de logements étudiants.

8) Mobiliser les rectorats.

9) Evaluer et valoriser les expérimentations.

10) Valoriser les synergies.

11) Conduire une réflexion sur les modalités de notation et d’évaluation des élèves de classes préparatoires.

12) Rendre plus lisible et plus cohérente l’offre de formation en classe préparatoire. "
Sébastien Lardez AUTEUR : Sébastien Lardez

Fondateur d'Ecoles2commerce.com et diplômé de GEM. Je blogue sur le monde des grandes écoles de management et m'intéresse particulièrement au web, à l'innovation et au monde de l'entrepreneuriat.

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