Ecoles de Commerce Liste des écoles Prépa B/L et écoles de commerce : un éclairage par Pascal Mano de l'APML

Prépa B/L et écoles de commerce : un éclairage par Pascal Mano de l'APML

Suite à l'ouverture du concours Ecricome vers les prépa B/L, nous avons cherché à en savoir plus cette formation à l'heure où les grandes écoles de management cherchent de plus en plus à recruter des profils différents. Si de plus en plus d'étudiants de classe prépa littéraires se dirigent vers les écoles de management, il y a toujours selon Pascal Mano, professeur de Mathématiques en B/L et président de l'APML, un manque d'information au lycée, notamment auprès des élèves de terminale, qui privilégient souvent les prépas HEC "classiques".

Bonjour Pascal. Pouvez-vous tout d’abord vous présenter ?

Pascal : Je suis professeur de mathématiques en hypokhâgne et khâgne BL au lycée Lakanal à Sceaux, et président de l'Association des Professeurs de Mathématiques en classes préparatoires Littéraires (APML).

Quelles sont les activités de votre association ?

Pascal : Depuis sa fondation en 2000, l'APML regroupe la quasi-totalité des professeurs de mathématiques enseignant en BL. Elle travaille en étroite coopération avec les deux autres associations de professeurs de BL (Histoire et Sciences sociales). Ensemble, nous oeuvrons à promouvoir la filière BL, à la faire connaître, mais également à préserver sa spécificité vis-à-vis des autres classes littéraires. Par nos contacts réguliers avec les différentes écoles, nous nous efforçons également de diversifier et de rendre plus lisibles les débouchés de la filière BL. Ainsi, nous avons participé activement à l'élargissement de la banque BL, appelée BLSES, qui, depuis dix ans, permet aux étudiants de BL de passer des écrits communs aux trois ENS, et à l'ENSAE.

Cette banque s'est ouverte à l'ENSAI en 2011, à l'ENSIM en 2012 et s'ouvre au Groupe ÉCRICOME dès la session 2013. Dans ces deux derniers cas, nous avons travaillé en étroite collaboration avec l'ENSIM et ÉCRICOME, afin de favoriser leur intégration à la BLSES. Actuellement, nous sommes en contact avec la CDEFI (Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d'Ingénieurs), pour rechercher des écoles d'ingénieurs susceptibles, comme le sont l'ENSAE, l'ENSAI et l'ENSIM, d'être intéressées par le recrutement d'élèves de BL.

Pouvez-vous nous parler un peu de la prépa B/L. Quels enseignements y sont dispensés ?

Pascal : C'est une filière pluridisciplinaire et culturelle, qui forme des étudiants généralistes de haut niveau. Les disciplines enseignées sont les suivantes : mathématiques, Sciences sociales (économie et sociologie), histoire, français, philosophie, langue vivante, auxquelles s'ajoute une option (LV2, langue ancienne ou géographie). Trois points essentiels me semblent caractériser la filière BL. D'abord, les programmes et le niveau d'exigence sont ceux de l'ENS, ce qui garantit une formation de haut niveau dans toutes les disciplines. Ensuite, toutes les disciplines ont une égale importance (quasiment les mêmes coefficients à l'écrit du concours de l'ENS), ce qui assure une authentique pluridisciplinarité.

Enfin, et c'est sans doute le plus important, chaque discipline est étudiée dans sa propre perspective. Ainsi, les mathématiques ne sont pas des mathématiques appliquées aux SES, mais elles privilégient la rigueur, la réflexion, le raisonnement, à l'aspect calculatoire ou appliqué, moins formateurs. L'histoire n'est pas de « l'histoire économique » mais a pour ambition l'acquisition d'une authentique culture historique ; le français et la philosophie ne sont pas de la « culture générale », mais sont des matières étudiées chacune en respectant leurs propres problématiques. Les langues vivantes sont étudiées dans une perspective culturelle et civilisationnelle.

Quels sont selon vous les avantages de la prépa B/L ?

Pascal : Par rapport à une prépa littéraire pure, la BL offre en plus une solide formation en mathématiques et en Sciences économiques et sociales. Par rapport à une prépa ECS ou ECE, elle apporte une authentique culture littéraire. Nos élèves apprennent à maîtriser les différents langages ; ils sont capables de mobiliser simultanément les outils du mathématicien, de l'historien, du sociologue, de l'économiste. Ils possèdent cette culture littéraire et philosophique, et la maîtrise d'une ou deux langues vivantes, ce qui inclus la culture et la civilisation des pays de l'aire linguistique concernée. Pour toutes ces raisons la prépa BL forme des étudiants extrêmement bien armés pour analyser et comprendre le monde contemporain.

Le lycée Lakanal de Sceaux, où enseigne Pascal Mano.

Quelles poursuites d’études sont possibles après une prépa B/L ?

Pascal : Du fait de la pluridisciplinarité de la formation, les élèves peuvent poursuivre leurs études dans des Écoles ou des formations universitaires extrêmement diverses. Les débouchés parlent d'eux-mêmes : il y a les trois ENS, de Grandes Écoles délivrant le titre d'ingénieur dont l'ENSAE (qui est une école d'application de Polytechnique), l'ENSAI et l'ENSIM, les Grandes écoles de management (BCE ou Ecricome), les IEP, le Celsa, l'ISmapp... À l'Université, nos élèves ont également accès à des Masters sélectifs prestigieux.

En fait, compte-tenu de la formation de haut niveau de la filière BL dans toutes les disciplines, nos étudiants peuvent poursuivre leurs études dans l'une des 7 disciplines enseignées en BL. Ayant goûté aux délices de la pluridisciplinarité, de nombreux anciens élèves suivent souvent un double cursus. On retrouve nos anciens khâgneux dans des domaines aussi divers que l'enseignement, la recherche, les métiers d'ingénieurs, de management, de cadres supérieurs du public comme du privé, le journalisme, la communication, la diplomatie...

On a l’impression que les grandes écoles de commerce sont très demandeuses de profils différents, notamment d’étudiants avec des profils littéraires. Cependant, encore peu d’étudiants de ces voies semblent se diriger vers les grandes écoles de commerce et de management aujourd’hui. Comment expliquez-vous cela ?

Pascal : Oui, les écoles de management sont intéressées par les étudiants littéraires, et en particulier par les étudiants de BL, qui sont d'aussi bons littéraires que les khâgneux « purs », mais possèdent en outre un solide bagage en économie et en mathématiques, ce qui est fort utile pour faire des études de management. En fait, le nombre d'étudiants de BL se dirigeant vers les écoles de commerce est en constante augmentation. L'information met cependant du temps à passer auprès des élèves de terminale. Ceux d'entre eux qui sont intéressés par une école de management se dirigent spontanément vers une prépa ECS ou ECE, sans savoir qu'une prépa littéraire peut constituer une voie intéressante d'accès à ces écoles. Il y a donc un travail d'information à poursuivre en amont.

Quelles sont les interrogations et les inquiétudes des étudiants de prépa B/L et plus généralement de prépa littéraire à propos des grandes écoles de commerce ?

Pascal : Les élèves de prépas littéraires appréhendent surtout de ne pas trouver dans ces écoles un enseignement académique assez « culturel ». En fait, la quasi-totalité des étudiants qui intègrent une grande école de commerce sont très satisfaits de leurs choix. Ceux qui ne se destinent pas à des études de management ne se présentent tout simplement pas à ces concours.

Comment y faire face selon vous ? Quelles sont vos recommandations ?

Pascal : Je pense que les écoles de management ont intérêt à développer leur effort d'information auprès des élèves des prépas littéraires, mais aussi des élèves de terminale, en expliquant à ces derniers qu'ils peuvent intégrer une grande école de commerce à partir d'une classe préparatoire littéraire. Pour ce qui est de nos étudiants, les associations de professeurs de BL sont prêtes à les y aider. Nous le faisons déjà largement en informant et en conseillant nos élèves sur les diverses orientations qui leur sont ouvertes.

Nous remercions chaleureusement Pascal Mano d'avoir répondu à nos questions !

Sébastien Lardez AUTEUR : Sébastien Lardez

Fondateur d'Ecoles2commerce.com et diplômé de GEM. Je blogue sur le monde des grandes écoles de management et m'intéresse particulièrement au web, à l'innovation et au monde de l'entrepreneuriat.

Commentaires