Ecoles de Commerce Concours Comment vous-voyez vous dans 10 ans ? Ou 5 ans ?

Comment vous-voyez vous dans 10 ans ? Ou 5 ans ?

Cette question est généralement redoutée par les candidats qui se préparent aux entretiens des concours d'écoles de commerce. Il faut dire qu’elle est très souvent posée par les jurys et qu’elle contient en germes l’ensemble des thèmes qui sont abordés au cours de cette épreuve : orientation, projet professionnel, choix de vie, imagination, goûts personnels.

Comme pour toutes les questions « attendues » de l’entretien, celle-ci mérite donc bien une réflexion préalable afin qu’ils rassemblent des éléments de réponse personnels (arguments, faits, dates, exemples) qui pourront être mobilisés pour alimenter la discussion le jour J et dépasser la présentation (ou la récitation) de projets vagues ou artificiels. Nous partirons des principaux écueils sur lesquels la présentation des candidats peut buter pour proposer une méthodologie générale permettant d’envisager un travail de préparation et de maturation des idées avant l’oral.

Reconnaissons-le d’emblée : la question de notre propre avenir à dix ans est particulièrement complexe, quels que soient l’âge et l’expérience professionnelle de celui qui se livre à cet exercice prospectif. C’est d’autant plus vrai pour un étudiant de vingt ans puisque – c’est arithmétique ! – l’échéance correspond à la moitié de sa propre vie.

C’est en dix ans que l’on devient différent…

comment vous voyez-vous dans dix ans ?

Il suffit à chacun des candidats de regarder dix ans en arrière (en moyenne, depuis son entrée en 6e) pour apprécier la portée des changements qui peuvent intervenir dans un tel intervalle de temps. Autre difficulté, les dix prochaines années seront aussi les premières de votre vie professionnelle. Or, cet univers (ses contours, ses pratiques, ses enjeux...) est encore largement inexploré, alors même que votre orientation vers les métiers du commerce et de la gestiona souvent été décidée au sortir du baccalauréat, au moment de votre inscription enclasse préparatoire. Comment faire part à la fois de ses incertitudes, de ses rêves, de ses craintes et de ses envies au moment de répondre à cette question d’apparence simple : comment est-ce que je me vois dans dix ans ?

 

 

 

La projection dans le domaine professionnel au cours d'un entretien

Devant l’ampleur de la tâche, beaucoup de candidats ont la tentation d’éluder la question et d’adopter des registres de réponse très classiques le jour de l’entretien. Donnons quelques exemples.

Le registre « passif » : je ne sais pas encore très bien quel sera mon avenir mais j’attends de l’école qu’elle m’offre (sic) une formation diversifiée me permettant à terme de choisir un métier.

Le registre « votif » : j’espère que j’aurai une vie équilibrée autant sur le plan familial que sur le plan professionnel.

« Carriériste » : je pense que je serai chef de produit confirmé dans le secteur automobile pour un grand groupe international sur le segment M2 ou H1.

« Généraliste » : je pense m’orienter vers le marketing car cela permet de suivre l’évolution du produit depuis sa conception jusqu’à sa mise sur le marché.

« Futuriste » : je serai quack-designer sur Zorglub, spécialisé en marketing olfactif.

Les deux premières réponses sont générales et interchangeables : elles renseignent peu sur la personnalité du candidat, ses projets, ses goûts.Les deux catégories suivantes sont faussement précises et contiennent la plupart du temps des projets « prétextes » : documentés pour la circonstance, les propos fraîchement vernis ou maladroitement déclamés autour d’une « passion » pour un métier ou un secteur d’activités emportent rarement la conviction des jurys (qui y voient surtout un manque d’ouverture d’esprit ou de réalisme notamment lorsque le candidat ne peut pas sortir des trois arguments qu’il a appris et préparés.

Deux issues se dessinent après avoir formulé une telle réponse : ou bien votre projet est ficelé, documenté, chiffré et le jury se (vous) demandera en qui votre parcours en école est nécessaire pour mener à bien un projet aussi précis (« je veux créer une entreprise dans le domaine des radiateurs électriques »,), ou bien il est trop vague et correspond à un prétexte, ce qui sera visible rapidement(« je veux travailler dans l’hôtellerie car j’aime voyager »( ?), « je m’intéresse à la publicité… mais je ne suis pas capable de citer une agence ou une campagne précise ».

Dernier registre évoqué : la réponse futuriste renseignera certainement le jury sur votre créativité ou votre sens de l’humour, mais ne vous dispensera pas de répondre à la question par ailleurs… Certains candidats pensent trouver la parade en amplifiant exagérément leur intérêt pour une activité extrascolaire plus ou moins récente : le groupe de rock entre copains, la pratique d’un sport dans un club, le voyage humanitaire de l’an dernier, le stage de trois semaines en Allemagne ou le projet de voyage en Chine deviennent l’alpha et l’oméga de l’orientation personnelle et professionnelle.

Dans dix ans, je « serai » dans le domaine musical, humanitaire, culturel, artistique, sportif (rayer la mention inutile) car c’est une activité passionnante dans laquelle je suis déjà très investi. On conçoit les bénéfices attendus d’une telle présentation : elle replace le dialogue sur un territoire stable et connu (celui d’un expérience vécue, d’une pratique effective), elle suggère un lien fonctionnel et cohérent entre les études choisies et le marché de l’emploi à venir, elle permet de valoriser quelques qualités personnelles – sociabilité, curiosité, générosité, ouverture d’esprit.

comment vous voyez-vous dans dix ans ?

Attention, toutefois, à l’effet boomerang d’une telle argumentation si votre projet n’est qu’un alibi, un « emballage pratique » pour se débarrasser de la question. Avez-vous vraiment réfléchi aux carrières accessibles à la sortie des écoles dans ces secteurs d’activité ? Connaissez-vous des personnes qui exercent le métier que vous venez de décrire ?

Les avez-vous rencontrées ? A quel organisme/entreprise/institution enverriez-vous spontanément votre C.V. pour un premier stage dans ce domaine ? Quelles compétences avez-vous besoin de développer pour accéder à ce type de profession ? En qui votre parcours dans une école de commerce est-il utile/nécessaire/décisif pour déployer ce projet ?

La passerelle entre vos goûts actuels et vos projets professionnels futurs peut bien sûr exister, à condition qu’elle ne forme pas l’unique ciment de votre motivation affichée. Elle est au mieux une métaphore commode pour faire comprendre ce qui vous intéresse, ce que vous imaginez être un scénario idéal, mais en aucun cas LE projet professionnel qui façonne vos décisions et votre cheminement. D’ailleurs, il est peu probable que vous ayez travaillé, révisé, passé le concours avec pour objectif d’occuper dans 10 ans un poste très défini dans un secteur d’activité immuable. Et il est à peu près certain que vous ferez autre chose dans cinq ans, dix ans, tout simplement parce que vous allez élargir la gamme de vos goûts, de vos compétences, de vos expériences, de vos centres d’intérêts, et que d’autres opportunités se présenteront à vous.

Se projeter : décider de ce qui peut et doit changer

Il faut toutefois indiquer que la question prospective que nous étudions porte sur d’autres dimensions de votre parcours potentiel : a priori, souhaitez-vous vivre en France, à l’étranger, dans une capitale, dans une ville de province, travailler pour un grand groupe, une PME, avoir des enfants, un conjoint qui travaille ? Pour chacune de ces questions, quelle est votre réponse spontanée ? Après réflexion ? Pourquoi ? Quelle place occupe, dans votre esprit, le temps qu’il faut consacrer à soi, aux autres, au travail, au repos, à la vie sociale, culturelle, spirituelle ? Quels sont les traits de votre caractère que vous souhaiteriez adoucir, renforcer, mettre à l’épreuve, développer ?

Les écoles ne recrutent pas un « produit fini » ou « C.V. » mais scrutent votre capacité à être « aux commandes » de votre parcours, votre envie d’apprendre. C’est pourquoi la question de votre avenir à dix ans rencontre d’autres lignes de préoccupation que la seule projection professionnelle. Pour mener cette réflexion, commencez par vous demander ce que vous souhaitez développer chez vous dans les trois ou quatre ans qui viennent, pendant votre scolarité. Vous pouvez faire les quelques exercices créatifs ci-dessous afin de travailler cette dimension personnelle.

Exercices créatifs :

Grâce à une baguette magique, vous êtes désormais diplômé de l’école de commerce que vous visez secrètement. Attention, abracadabra, c’est fait ! Racontez maintenant ce en quoi vous avez changé depuis l’époque où vous étiez « en prépa »(en train de préparer les épreuves orales) ? Quelles sont les qualités, aptitudes, compétences que vous avez développées par rapport à 2004 ? Comment avez-vous évolué ? Qu’est-ce qui vous a le plus apporté ? Quelle a été l’expérience la plus marquante ?

8 avril 2014. Le réveil sonne. A quelle heure ? Pour quoi faire ? A quoi vous ressembler cette journée professionnelle comme les autres ? Qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever ce matin ?

29 octobre 2014. Voilà une journée idéale – intéressante au plus haut point – dans votre vie professionnelle. Que se passe-t-il ?

Les quelques pistes que nous venons d’évoquer impliquent la nécessité de sortir des schémas classiques (qui supposent l’existence d’une « bonne réponse » ou d’un « bon profil ») pour vous aider à bâtir un projet personnel, fondé sur vos qualités/goûts/lacunes actuels.

Comment faciliter cette démarche d’investigation personnelle ? A partir de quelques exemples, nous proposerons un canevas général et un guide en quatre étapes destiné à structurer votre réflexion sur cette question.

Un canevas général : réfléchir sur soi

Voici la réponse argumenté de trois candidats différents : Adrien, Bénédicte, Charles. Pour chacun d’eux, mettez-vous dans la peau du jury qui vient de poser la question :

« Comment vous voyez-vous dans dix ans ? »

Adrien : « Dans dix ans ? Cela nous mène en 2014, ce qui veut dire que j’aurai tout juste trente ans. Si tout se passe bien, j’aurai donc six ans d’expérience professionnelle dans un domaine, donc je pourrai… en parler et dire ce que je fais concrètement de mes journées : pour l’instant, c’est encore flou. Disons que je me vois plutôt dans une petite équipe, avec un travail prenant qui me plaît, dans lequel il faut inventer, réagir, faire des propositions, se remettre en question. Dans l’idéal, il y a une part d’adrénaline, d’aventure et je n’ai pas l’impression, de faire la même chose tous les jours. C’est mon côté « touche à tout » : j’espère que d’ici là ce sera devenu une qualité, que je saurai en tirer parti pleinement en sachant canaliser mon énergie. »

Bénédicte : « Dans dix ans ? C’est une question qui m’a beaucoup « trituré les méninges « lorsque j’ai préparé mes entretiens, et je me suis rendu compte que je n’étais pas douée pour la prospective. Peut-être que ce sera le cas, dans dix ans, quand je serai passé par l’Ecole et que j’aurai développé cette manière de penser. Le seul horizon qui est net dans mon esprit, c’est les trois ans qui viennent, à commencer par la rentrée de septembre : mon changement d’environnement, mon déménagement, la découverte de nouveaux cours et de nouvelles méthodes de travail. Je me dis que si j’apprends autant de choses au plan professionnel que ce que j’ai appris en deux ans de prépa, je saurai vite comment m’orienter et quelles décisions prendre. »

Charles : « Si je ferme les yeux et que j’imagine une situation idéale, je me vois plutôt dans une grande ville, Paris ou Londres – j’adore Londres, j’y ai passé six semaines l’été dernier et cela me plairait d’y vivre. Je ne m’y vois pas seul : maintenant, il faudrait interroger ma boule de cristal pour savoir combien j’ai d’enfants… Sérieusement, fonder une famille fait partie de mes projets. Au plan professionnel, j’ai en tête la carrière d’un vieil ami de mes parents qui travaille dans le secteur bancaire en Angleterre. J’ai beaucoup discuté avec lui de son métier, de ses journées de travail, du temps qu’il consacre à sa famille. J’ai été séduit par ce qu’il m’a dit et je pense, aujourd’hui, que ce type de carrière pourrait correspondre à mon tempérament. »

Ces trois exemples sont construits autour d’une même logique : l’axe temporel est découpé en segments, les candidats se projettent selon des axes de progression qui leur sont propres ; aucun d’eux n’envisage l’échéance des dix ans comme un point définitif mais chacun d’eux est en mesure de délimiter une zone générale dans laquelle il accepte de penser son avenir.

Les détails professionnels ne sont pas nécessairement approfondis, mais nos trois candidats se montrent prêts, à affiner le contenu, réfléchir à voix haute, donner des exemples, citer des entreprises, construire une représentation projective : la cohérence de l’argumentation et l’authenticité de la démarche seront entendues par le jury qui n’attend pas une « bonne réponse » ou un « projet type » fabriqué de toutes pièces et qui préfère, à l’inverse, l’exposé réfléchi des candidats prêts à envisager des trajectoires différentes avec le désir d’apprendre et d’évoluer. Pour figurer ce mouvement, le schéma ci-dessous souligne différents aspects de la projection obtenue.

Schéma

L’axe du temps est conçu comme plusieurs étapes chronologiques : ce que je sais de moi jusqu’à aujourd’hui (mes expériences, mes qualités, mes attentes, mes lacunes), le temps de la formation dans l’école, les premiers pas dans la vie professionnelle.

Pour chacune de ces étapes, la définition d’axes de progression et de projets concrets doit permettre de dessiner des trajectoires possibles et donc des scenarii plausibles, c’est-à-dire cohérents avec votre vécu, votre tempérament, votre ambition.

Au fond, les trois personnages que nous avons cités partent d’un même point de départ : la définition d’axes de progression personnelle. Très souvent, en voulant se montrer sous leur meilleur jour, les candidats endossent le costume du « gendre idéal » (dynamique, toujours à l’écoute, sociable…) et minimisent leurs « défauts » ou leurs lacunes face aux jurys. Ils se présentent ainsi bien souvent sans aspérité, sans manifester un quelconque désir d’apprendre (sur eux) ou d’évoluer (par l’apprentissage, l’effort, la découverte, la confrontation avec les autres).

Ils ratent alors l’occasion de donner du sens à leur projet de formation à court terme, c’est-à-dire dès la rentrée : que vont-ils apprendre en cours ? En stage ? Quelles seront les expériences qui leur seraient/seront profitables ? Qu’ont-ils envie de faire évoluer dans leurs pratiques, leur caractère ? Une personne réservée ou timide va-t-elle acquérir de la confiance en elle, développer sa capacité à prendre la parole en public ? Celui-ci, débordant d’énergie et d’imagination, va-t-il trouver l’occasion, pendant sa formation, de structurer sa démarche et d’améliorer ses méthodes de travail ? Telle autre personne, qui a passé deux fois quinze jours dans des séjours linguistiques à l’étranger, en sait-elle suffisamment sur l’expatriation pour envisager de vivre à l’étranger ? Peut-elle trouver dans sa formation une occasion d’expérimenter pendant une plus longue période son ambition internationale.

Moyennant un travail d’investigation, chaque candidat doit être ainsi en mesure de définir les grandes lignes d’une trajectoire générale et personnelle et peut alors se demander à quoi pourrait ressembler, dans l’idéal, son curriculum vitae dans une dizaine d’années. Rédiger de « futurum vitae » permet de se poser quelques questions basiques, qui se conjuguent aisément au futur antérieur : quels sont les stages que j’aimerais avoir faits ? Où ? Pourquoi ? Dans quel secteur d’activité est-ce que je m’imagine ? Qu’est-ce qui serait prestigieux, souhaitable, réaliste à mes yeux ? Comment puis-je transformer ces idées générales eb exemples, objectifs ou projets plus précis ? L’ensemble de ces réponses doit permettre de situer quelques points dans la zone grisée de notre schéma, avec 2014 pour abscisse : compte tenu de toutes ces idées, quel scénario a ma préférence ? Qu’est-ce qui me plairait fondamentalement ?

Une méthode : confronter ses idées avec les autres

Le cheminement que nous proposons peut être structuré de manière plus précise. Il revient à collecter des informations et des témoignages en suivant les étapes suivantes.

Votre trajectoire scolaire jusqu’à aujourd’hui

Vous pouvez commencer par le bilan objectif de votre parcours scolaire ainsi que celui de vos proches (amis, frères et sœurs) pour trouver des points saillants (des points communs, des différences). Avez-vous des facilités ou un goût pour certaines matières ? Avez-vous redoublé ? Pourquoi ? Saviez-vous en 5e, 3e ou terminale que vous alliez vous orienter vers cette filière ? Avez-vous bénéficié de conseils de professeurs, parents, amis ? Quels étaient leurs arguments ? Quelles filières avez-vous hésité ? Journalisme ? Médecine ? Droit ?

Si vous échouez à tous les concours, que faites-vous l’an prochain ? Cette série d’interrogations doit déborder le cadre strict de vos résultats scolaires. L’objectif est de (re)trouver un fil conducteur objectif votre parcours et de mesurer votre autonomie dans cette trajectoire, y compris si elle inclut une réorientation. Dans quelle mesure votre parcours procède-t-il d’un choix positif résigné, par élimination ? Que vous apporte ce regard dans le rétroviseur pour l’expression de vos choix, la perception de votre avenir ?

Votre connaissance des enseignements dans l’école

Comment imaginez-vous votre agenda à partir de la rentrée prochaine ? L’Ecole à laquelle vous postulez a-t-elle fait le choix d’options pédagogiques particulières ? Quelles sont les matières qui sont enseignées ? Comment ? Par qui ? la plupart des candidats n’ont qu’un idée vague des contenus d’enseignements et des méthodes pédagogiques déployées dans les écoles, et se contentent de demander (quelques heures avant leur entretien) aux étudiants qui les accueillent quelques « spécificités locales ». malgré cela, il semble qu’il soit plus facile et utile de vous renseigner sur votre avenir immédiat (la rentrée prochaine) qu’en référence à un hypothétique projet à dix ans, d’admettre que l’école est un lieu d’apprentissage – même si c’est aussi un lieu d’épanouissement --, et de considérer que vous aurez du travail, des efforts à fournir, des ouvrages à lire, des dossiers à réaliser, des informations à recueillir et synthétiser, des examens à réussir…

Qu’en savez-vous aujourd’hui ? Quelles sont les matières que vous êtes pressé de découvrir et pourquoi ? Comment allez-vous vous organiser pour concilier apprentissage, travail individuel, vie associative, lectures, stages ? Là encore, vous aurez besoin de mener une enquête sur vous et votre futur environnement. Vous pouvez en effet obtenir beaucoup d’information en consultant les plaquettes des écoles, ou à partir de leur site sur Internet, pour vous fixer les idées sur les volumes et contenus des cours, ainsi que dans de nombreux ouvrages et guides d’orientation. Vous pouvez aussi prendre contact avec les anciens de votre classe prépa et leur demander comment ils aménagent leurs semaines, comment sont organisés leurs examens, sur quoi ils portent, ce qui est nouveau ou différent par rapport à leur formation antérieure.

En feuilletant des ouvrages professionnels, des revues spécialisées, vous pourrez aussi vous demander simplement si vous éprouvez un intérêt pour les thèmes traités : avez-vous envie d’en savoir plus ? Iriez-vous avec plaisir et intérêt à une conférence qui traiterait de ces questions ? Pourquoi ? Avez-vous observé des phénomènes concrets dans votre environnement qui s’y rapportent (votre supermarché, une campagne publicitaire, le témoignage d’un de vos proches,…) ?

Solliciter le témoignage d’un « parrain »

Pour percevoir la réalité des enseignements et des métiers liés à la filière économique et commerciale, recensez dans votre environnement proches quelques personnes qui ont un point de vue particulier sur ces sujets, compte tenu de leurs activités professionnelles ou de leurs parcours scolaire. Ce peut être un ancien de votre classe prépa avec qui vous êtes en contact, un oncle ou une tante « responsable commerciale », un parrain – gendre – cousin, un collègue de vos parents, un voisin, ou le frère de votre coiffeur ! L’idéal est d’aborder cette personne avec un objectif clair et désintéressé : comprendre son métier, ce qu’il (ou elle) fait de ses journées, pour échanger à la fois sur votre orientation et son parcours. Programmez avec lui (ou elle) un rendez-vous d’une à deux heures, et menez une véritable investigation. L’idéal est d’en profiter pour visiter l’entreprise dans laquelle votre interlocuteur travaille, et de trouver un moment en tête à tête pour échanger à bâtons rompus.

Comment-vous voyez-vous dans dix ans ?Vous pouvez utiliser la grille suivante pour mener une interview au départ et garder en tête l’objectif de cet entretien : Quelle est sa formation ? Quels sont ses diplômes ? Ses formations complémentaires ? Quels sont es postes qu’il a occupés jusqu’à aujourd’hui ? Dans quels secteurs ? Comment se sont passées les transitions d’un poste à l’autre, Quelles sont ses perspectives actuelles ? Comment a-t-il été recruté ? Quelles sont ses missions actuelles ? Avec qui travaille-t-il au quotidien ? Quelles sont ses activités les plus courantes ? les plus rares ? Qu’est-ce qui est plaisant dans son métier ?

Qu’est-ce qui le rebute ? Quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ? Au niveau personnel ? Compétences ? Quels conseils donnerait-il à un jeune qui veut faire la même chose ? Qu’apprend-on dans une école ? En quoi est-ce utile, nécessaire, suffisant ?A l’issue de cette discussion, prenez le temps de réfléchir sur vous-même : qu’avez-vous appris ? Sur vous ? Auriez-vous envie de faire le même métier ? Dans quelles conditions ? Avec quelles(s) objection(s) ? Qu’avez-vous envie d’apprendre, d’expérimenter en école (ou ailleurs) ?

Le bilan de vos expériences extrascolaires

Vous pouvez mener le même type de cheminement pour réfléchir à ce que vous apportent vos activités ou expériences extrascolaires. Pour commencer, procédez à un inventaire des sports, loisirs, stages et autres jobs que vous avez pratiqués dans les quatre ou cinq dernières années. Beaucoup de candidats redoutent de ne pas avoir d’activités « intéressantes » et dévalorisent leurs expériences. D’autres insistent sur l’abandon « nécessaire » de toute activité pendant leurs premières années d’étude (notamment en classe prépa), et se montrent au bout du compte plus résignés que raisonnables. Le recensement de vos activités peut et doit intégrer des expériences qui vous paraissent banales : baby-sitting, extras dans un restaurant, accueil dans une manifestation. Les jurys ne recrutent pas un C.V., mais mesurent votre intérêt et vos capacités d’engagement.

Il est nécessaire de réfléchir aussi aux ressorts de ces centres d’intérêts, car le simple énoncé d’une activité extrascolaire ne donne que peu d’indications. Il est différent de lire par devoir ou par goût, d’avoir vécu à l’étranger pendant votre enfance ou l’année dernière, d’avoir découvert une région avec votre équipe de basket en avril ou avec vos parents lorsque vous aviez douze ans, de jouer au tennis en étant classé ou le dimanche avec son cousin. Pourtant, beaucoup de candidats indiquent « lecture, voyages et tennis » sans distinction dans la rubrique « hobbies ». Pourtant, encore, vous avez pu tirer davantage parti d’un baptême de plongée ou d’une semaine de vendanges sous la pluie que d’un passage dans une « usine à stages » dans une entreprise prestigieuse ou de l’obtention d’une médaille dans une compétition.

Ces quatre étapes doivent vous permettre de recenser toute une série d’ingrédients qui seront mobilisables pour adapter votre réponse au questionnement du jury sur votre avenir : vous pourrez puiser dans cette « base de données » des exemples, des illustrations d’activités qui vous plaisent, pour lesquelles vous avez des compétences ou un grand appétit, des témoignages de personnes qui vous connaissent, des axes de progression que vous avez identifiés dans la pratique. La collecte des informations et des témoignages dans votre environnement proche doit vous permettre de repérer les moments importants de votre trajectoire scolaire, recueillir le point de vue de ceux qui se sont engagés (avant vous) dans le même cheminement et apprécier la variété des parcours et des préoccupations actuelles des professionnels.

Vous pouvez ainsi identifier les points cardinaux de vos propres motivations et ambitions : quels sont les contrastes et les similitudes qui apparaissent ? qu’avez-vous envie d’apprendre et de développer dans les années qui viennent, au plan des compétences ? De votre comportement ? C’est en répondant avec sincérité et humilité à ces questions que vous serez en mesure de proposer un projet convaincant aux jurys et d’esquisser à grands traits une vision personnelle et lucide de votre parcours à dix ans. Peut-être pourrez-vous alors ajouter, avec un brin de malice, que dans dix ans, vous ferez peut-être partie dont vous serez, depuis quelques années, un heureux diplômé ?

" Article paru en 2004 dans Espace Prépa et rédigé par Emmanuel Carré, professeur à Bordeaux Ecole de Management "