L'ESCP Europe croit plus que jamais à son modèle
Mercredi matin, je me suis rendu à la conférence de presse organisée par l'ESCP Europe dans ses locaux à Paris. C'était l'occasion pour Edouard Husson, le directeur de l'école depuis un an, de faire un point sur les perspectives de développement et sur la stratégie de l'ESCP Europe pour les années à venir.
Historien de formation, Mr Husson n'a pas manqué de commencer la conférence de presse en rappelant que l'ESCP Europe était la première école de commerce fondée au monde, en 1819, et que c'était la France qui avait inventé les "business schools". Il a ensuite réaffirmé la vision et la position de l'ESCP Europe : une école européenne et ouverte sur le monde. En Europe, l'école possède déjà en effet 5 campus à Paris, Londres, Madrid, Berlin et Turin.
Pour les prochaines années, l'ambition de l'école est donc de renforcer ce positionnement géographique comme l'a souligné le directeur de l'école : "Avant d'aller naviguer sur la haute mer, faisons d'abord du cabotage d'un port européen à l'autre". Cette politique européeene se traduira notament par la création d'un programme Bachelor d'ici 2 ans, afin de recruter les meilleurs étudiants internationaux. Un bachelor qui se fera en 3 ans, sur 3 campus et dans 3 langues !
Mr Husson a également insisté sur la pertinence pour l'ESCP Europe de continuer à travailler à la mise en place de partenariats académiques d'excellence, notamment au Brésil, en Chine et aux Etats-Unis... avant de nous parler d'une valeur montante auprès des nouveaux étudiants de l'école, à savoir l'entrepreneuriat : "Plus de 50% des nouveaux étudiants qui intègrent l'ESCP Europe considèrent normal de penser à la création d'entreprise". A la sortie, ils sont 8% à véritablement se lancer dans l'aventure, bien souvent aidés par l'incubateur de l'école, qui voit 70% de ses projets, toujours en vie au bout de 3 ans d'existence. Mr Husson a fait remarquer, au passage, que des discussions étaient toujours en cours avec les principaux éditeurs de "ranking" pour prendre plus en compte cette filière entrepreneuriale dans les futurs classements.
Edouard Husson a ensuite abordé le thème de l'innovation pédagogique en annonçant la création d'un 6ème campus numérique à l'école : "Plus qu'à une évolution technologique, nous assistons à une véritable révolution pédagogique". Concrètement l'école souhaite adapter sa pédagogie en privilégiant les outils de travail collaboratif, le développement des classes inversées, l'investissement et la mutualisation des cours en ligne (SPOCs, MOOCs...).
"L'objectif de ESCP Europe à l'horizon 2019 est d'être reconnue mondialement comme la Business School européenne de référence avec une offre de programmes complète et des campus ancrés dans le numérique".
Sur le thème de la recherche, Mr Husson a par ailleurs dénoncé le système actuel de "mercato international" visant à recruter les meilleurs enseignants chercheurs. Selon lui, les principales instances d'accréditation sont d'ailleurs en train de commencer à remettre en question cette politique de recherche accrue. L'ESCP Europe a ainsi choisi de développer un système original et souhaite plutôt privilégier le recrutement de jeunes chercheurs plus proches des besoins et des valeurs de l'école.
Enfin, Mr Husson a terminé sa présentation en parlant d'une autre valeur importante pour l'école à savoir celle du management responsable. Cette politique se traduit notamment par des bourses attribuées aux étudiants (2 millions d'euros l'année dernière) et par la présence de 22,5% de boursiers d'Etat dans la nouvelle promotion de cette année. L'école souhaite également continuer le travail d'ouverture afin de cibler des profils diversifiés et ouvrir les portes à tous les talents. Les étudiants littéraires ont ainsi été cités en exemple.
A la fin de la conférence, au moment des questions, un petit débat s'est instauré entre le directeur et les participants à la conférence. Alors que l'ESCP Europe souhaite visiblement s'ouvrir à différents profils, l'école ne va pas proposer son programme Bachelor aux étudiants français, ce qui a soulevé un certain paradoxe...
Mr Husson a bien confirmé que la création du bachelor vise exclusivement le recrutement de très bons étudiants internationaux. Le directeur a ensuite répondu qu'il existait déjà le système de la classe préparatoire en France pour le recrutement des talents. Un système qui fonctionne bien selon lui, et qu'il ne souhaite pas "casser" tout en confirmant la volonté de recruter plus d'étudiants de "petites" prépa et issus de voies diversifiées.
Pour aller plus loin : lire le communiqué envoyé suite à la conférence
Fondateur d'Ecoles2commerce.com et diplômé de GEM. Je blogue sur le monde des grandes écoles de management et m'intéresse particulièrement au web, à l'innovation et au monde de l'entrepreneuriat.