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La multiplication des doubles diplômes en ESC

Aujourd'hui c'est à Sylvain Boutié que nous laissons la parole. Après avoir suivi une prépa ECS au lycée Ozenne à Toulouse, il est actuellement étudiant en deuxième année à Grenoble Ecole de Management et ... en Master 1 d’histoire.

Etudiant en double parcours, il s’intéresse particulièrement à la multiplication des doubles diplômes en ESC : ingénieur, sciences po, droit mais aussi philosophie, design, beaux-arts…

Il vous propose de faire un tour d’horizon de ces différents doubles cursus entre établissements d’enseignement supérieur français avec des témoignages de plusieurs étudiants ayant tenté l’aventure.

Ingénieur-manager : un profil qui a la côte

Le premier rapprochement et le plus naturel a été celui entre écoles d’ingénieurs et écoles de commerce. Avant ces doubles diplômes, un ingénieur avec quelques années d’expérience professionnelle et qui accédait à des postes de management ou de chef d’équipe s’inscrivait généralement en MBA pour enrichir ses compétences de manager. 

Désormais plusieurs écoles d’ingénieurs et écoles de commerce se sont rapprochées comme Centrale Paris avec l’ESSEC ou plus récemment les Mines Paris avec HEC, permettant à leurs élèves de décrocher soit le diplôme de l’école partenaire, soit un master spécialisé.

La grande nouveauté de ces dernières années c’est que des étudiants en école de commerce peuvent eux aussi prétendre au statut d’ingénieur.

Grenoble Ecole de Management a été pionnière en ce sens en créant un partenariat avec Télécom Bretagne en 2002, permettant aux étudiants des deux établissements d’obtenir le diplôme de l’école partenaire.

Cette possibilité offerte à des étudiants en école de commerce d’obtenir un diplôme d’école d’ingénieurs après seulement 2 ans de scolarité dans l’école et sans avoir fait de prépa MP/PC (ou autre) avait suscité quelques remous chez les ingénieurs. Néanmoins, une prépa ECS est obligatoire pour pouvoir accéder au titre d’ingénieur (exigence de la Commission des Titres d'Ingénieur), de plus, les étudiants venant d’école de commerce suivent des cours de remise à niveau pour rattraper leur retard dans les matières scientifiques et ils doivent faire preuve d’une grande capacité de travail et d’une vraie motivation pour décrocher le double diplôme.

Néanmoins à cœur vaillant rien d’impossible : une élève de Grenoble Ecole de Management a obtenu le double diplôme et a même poursuivi en thèse à Télécom Bretagne, de quoi attirer l’attention de tous les recruteurs !

Cette double compétence permet aux étudiants d’accéder à des métiers plus diversifiés et d’évoluer plus facilement en entreprise. Le profil techno/commercial étant rare c’est une excellente façon de se démarquer dans un marché de l’emploi toujours plus compétitif.

Manager et avocat en droit des affaires

Les doubles cursus ESC/droit sont assez classiques et beaucoup d’écoles ont créé des partenariats pour permettre à leurs étudiants de suivre des cours de droit, le plus souvent à distance. L’ESCP, l’ESSEC, Skema (entre autres) permettent à leurs étudiants de première année de s’inscrire en L2, Grenoble Ecole de Management en L3 (mais la majorité des élèves mettent 2 ans pour obtenir la L3). Ces doubles cursus demandent énormément de travail et s’adressent aux étudiants les plus motivés.

Très prisée par les entreprises, la double compétence peut se transformer en vrai projet professionnel comme en témoigne un étudiant en 2A à GEM et en M1 droit des affaires :

« A l'origine, ne connaissant pas le droit, mon choix ne s’insérait pas dans un projet professionnel en relation avec cette matière. Ayant en tête un projet de création d’entreprise en entrant en école, j’envisageais ce parcours comme un moyen d’obtenir une plus grande complémentarité de compétences. J’ai ensuite découvert la matière qui m’a très vite plu. Désormais, j’ai redéfini un projet autour du droit. L’idée est d’obtenir un master en droit des affaires, pour ensuite tenter l’examen du barreau et exercer en tant qu’avocat d’affaires.

L’intérêt de ce double diplôme est qu’il ne ferme aucune porte. Certains envisagent ce parcours comme un enrichissement personnel qui permet d’étoffer ses compétences. D’autres choisissent de se lancer dans le domaine du droit. Dans ce cas, cela peut mener à exercer dans le service juridique d’une entreprise, dans des métiers de la finance, et bien entendu peut permettre d’accéder à la profession d’avocat d’affaires. De mon côté, c’est cette troisième idée qui m’intéresse. »

L’essor des doubles diplômes en sciences humaines

GEM a ouvert en 2010 plusieurs doubles diplômes pour les étudiants en première année : histoire, philosophie, économie... Ces doubles diplômes offrent la possibilité aux étudiants de poursuivre l’étude d’une matière qui les intéresse ou d’affiner un projet professionnel.

Charles Perragin, étudiant en double cursus ESC/M1 Philosophie témoigne :

 « Quand j’ai vu qu’il y avait la possibilité de faire une formation en philosophie en parallèle de l’école de commerce, j’ai saisi l’occasion sans sourciller parce qu’en aucun cas cela constituait un choix pour ma vie professionnelle future. La première vraie motivation pour faire ce parcours est que j’aime la philosophie. Evidemment, plus tard, j’aimerais travailler dans l’univers de la presse spécialisée plutôt dans le domaine économique et social et je sais qu’avoir une formation universitaire à côté jouera comme un avantage.

Il est vrai même que d’une manière générale, je considère qu’un enseignement philosophique ne peut être que formateur pour les futurs managers. La philosophie n’est pas vraiment une matière ou un enseignement particulier. C’est une école de la pensée juste, légitime, du bon sens alors il n’y a pas besoin de connaître Platon, Kant ou même de « bosser la philo » pour être bon philosophe.

Pour ce qui est des cours, on touche à tout : philosophie du langage, métaphysique, épistémologie, esthétique, anthropologie, argumentation et même du grec ancien ! (et j’en passe). Bien sûr, ces différents domaines sont plus ou moins éloignés des problématiques abordées à l’ESC mais pas tant que ça ! Pour ne prendre que l’exemple de l’ « argumentation », c’était un cours en L3 où on apprenait à lire un discours ; toutes les techniques rhétoriques, l’analyse des arguments, les fondements de ses prémices etc. J’ai même assisté à un cours dont le contenu était sensiblement le même qu’un cours de management qu’on avait eu en début de première année ! 

Pour travailler tout cela, je fais comme je peux. Vu que cela me plait, on ne peut pas dire que ça me coûte vraiment ! Cette année, j’ai un projet de recherche à faire pour préparer un mémoire. J’ai donc un directeur de recherche et je traite cette année un sujet de philosophie politique et sociale sur Rousseau et les fondements de la société civile. Ce sujet s’ancre dans la question générale « qu’est-ce qu’un peuple ? » et le but du mémoire serait de pouvoir penser la politique et la société contemporaine avec la pensée de Rousseau. »

Ces doubles compétences sont appréciées par les entreprises à l’heure où on assiste à un retour de l’aspect humain dans le management.

Personnellement, j’ai choisi de poursuivre des études en histoire en parallèle de ma première année à GEM car je voulais approfondir cette matière qui me tient à cœur. Ainsi, fin septembre 2010, je me suis retrouvé après un cours de compta, dans une classe de L3 à l’université en train de suivre un cours sur les hégémonies en Grèce au IVe siècle av J.C !

Le dépaysement est total, les écoles de commerce et les universités sont deux mondes vraiment très différents. Leurs fonctionnements sont complètement dissemblables et il y a une vraie méconnaissance entre les universités et les grandes écoles. Ce cursus permet donc de prendre du recul par rapport à la prépa et à l’école de commerce.

Je pense que suivre des cours à l’université permet de faire tomber les préjugés que l’on peut avoir en ayant fait une classe prépa et une grande école. J’avais entendu dire qu’à l’université on n’avait jamais cours, qu’on n’était pas du tout encadré par les professeurs contrairement à la prépa où on bénéficiait d’un suivi régulier grâce aux khôlles. II est vrai qu’un emploi du temps à l’université peut sembler « light » pour un étudiant sortant de prépa, mais les cours sont de bonne qualité et les professeurs sont de haut niveau et très disponibles. Les étudiants sont encouragés à lire et à faire de la recherche pendant leur temps libre. En M1 un étudiant n’a que 180 heures de cours sur l’année. Mais il est censé consacrer 1200 heures de travail personnel à son mémoire ! Rien à voir avec l’emploi du temps d’une école de commerce ! Autrement dit, à l’université on apprend à travailler de manière autonome, en prépa à travailler sous la pression et en école de commerce essentiellement en groupe. Ces différentes façons de travailler se complètent parfaitement et sont très enrichissantes pour un futur cadre d’entreprise.

J’estime qu’un bon manager doit avoir une bonne connaissance de l’histoire pour comprendre le monde dans lequel il vit. L’histoire permet grâce à l’apprentissage et à la réflexion sur le passé de mieux comprendre le présent. Suivre ce parcours me permettra, une fois entré dans la vie active, de prendre plus de recul face aux évènements à court-terme auxquels sont confrontées quotidiennement toutes les entreprises. L’histoire n’a rien de poussiéreuse, elle nous apporte un éclairage constant sur la vie, elle nous permet de déceler aujourd’hui des analogies avec ce qui est advenu.

Toujours plus de parcours atypiques

D’autres parcours encore plus diversifiés ont fait leur apparition :

Audencia a signé un partenariat avec l’Ecole Supérieure des Beaux Arts de Nantes, un parcours idéal pour développer une fibre artistique et un vrai tremplin pour travailler dans le management culturel.

Il est également possible pour un étudiant de GEM de suivre un an de cours dans une école de design, ou encore à Reims Management School de passer un semestre dans l’école militaire de St Cyr, sans parler des nombreux partenariats entre écoles de commerce et IEPs.

Tous ces parcours ont en commun d’apporter à l’étudiant, en plus d’un enrichissement personnel, un avantage compétitif qui lui permettra de se distinguer et de retenir l’attention du recruteur. En ce qui concerne les entreprises, elles trouveront des jeunes diplômés avec d’autres compétences et une plus grande ouverture d’esprit permettant de répondre aux problématiques de demain.

Un grand merci à toi Sylvain pour cet article éclairant et éclairé. Si vous aussi vous voulez partager des actualités, témoignages, analyses, etc. Vous pouvez nous contacter et nous verrons ensemble ce que l'on peut faire !

Pierre-Gaël Pasquiou AUTEUR : Pierre-Gaël Pasquiou

Passionné du monde des écoles et de la formation. Féru de nouvelles technologies et de réseaux sociaux!

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