Ecoles de Commerce Liste des écoles Pourquoi le projet France Business School ?

Pourquoi le projet France Business School ?

L'interview vérité de François Duvergé, président du groupe ESCEM, président d'Ecricome, ancien président du chapitre des écoles de management à la conférence des grandes écoles et investigateur du projet France Business School.

Pourquoi avoir imaginé un rapprochement de quatre ESC ?

François Duvergé : Alors FBS est effectivement issu du regroupement de 4 écoles suite à un constat partagé, un constat qu'on peut développer en 3 grands points.

Un premier point économique et financier. Nous sommes dans un contexte où il est de plus en plus difficile pour les écoles, toutes les écoles, d'équilibrer leur compte d'exploitation puisque nous avons des coûts d'exploitation qui ne cessent d'augmenter, avec le coût d'un corps professoral permanent de plus en plus important, le coût de la recherche, le coût des services qui font la différence et la diversité. 

Au moment ou en face, tous nos postes de recettes sont interpellés par la crise... Crise des finances publiques, crise des finances consulaires, menace sur la taxe d'apprentissage, difficultés d'augmenter les droits de scolarité. Donc si on ne prend pas de mesures, on risque de se retrouver dans une situation un jour où on arrivera pas à équilibrer nos comptes  et encore une fois, c'est vrai pour toutes les écoles.

Le deuxième constat, c'est que sur notre marché, qui est un marché international désormais, qui se concentre et qui se structure, pour exister et être attractif, il faut disposer d'une marque forte. Et France Business School, quand on se présente sur ce marché permet précisément la lisibilité, là où nos écoles aujourd'hui, quelque soit l'attachement qu'on leur porte, ne disposent pas d'une marque assez attractive.

Et puis le troisième constat dont on parle le moins souvent dans notre milieu, est un constat d'ordre pédagogique. Nous pensons qu'il est temps aujourd'hui de revenir à une pédagogie très différenciante par rapport à l'université. Et au fond, d'imaginer l'école du 21e siècle. 

Il y a d'autres projets de rapprochement d'ESC actuellement, en quoi France Business School serait différent ?

François Duvergé : Alors quand on regarde effectivement l'évolution des écoles de commerce, on peut distinguer 3 temps forts. Un temps caractérisé par les écoles du 19e siècle, c'est-à-dire des écoles où les intervenants en salle de classe étaient des professionnels, qui venaient simplement expliquer aux élèves comment se faisait la gestion des entreprises ou le management des entreprises. Pas de professeurs permanents, pas de recherche.

Et puis à partir des années 1970-1980, la construction de l'école du 20 siècle. Un corps professoral qualifié, des travaux de recherche dans des revues internationales. Nous nous sommes rendus fréquentables par l'université. Mais ce modèle effectivement aujourd'hui se révèle insuffisant puisque les entreprises ont des demandes particulières qu'elles formulent auprès des écoles, fournir de jeunes managers. Et pour former de jeunes managers performants, il faut inventer l'école du 21e siècle, c'est-à-dire à côté de cette dimension académique, revenir aussi à une relation plus étroite avec les praticiens en entreprise, redonner aux élèves les compétences comportementales qui font qu'on se révèle manager ou pas manager. Ce qu'on appelle les "soft skills".

Ouvrir les élèves aux sciences humaines, aux sciences politiques, leur donner une culture technologique. Bref, élargir l'ensemble des activités proposées dans les écoles pour redevenir vraiment différencié par rapport à l'université. C'est ce que nous allons faire à FBS.

Vous dites qu'à court terme, les ESC qui n'envisageraient pas une "autre voie" vont se trouver en difficulté, pour quelles raisons ?

François Duvergé : Je crois très sincèrement que des écoles qui resteraient isolées, avec des moyens faibles, quelque soit par ailleurs leurs qualités pédagogiques, se retrouveront hors marché, parce qu'aujourd'hui les contraintes d'exploitation sont telles, on l'a vu, qu'il faut pouvoir disposer de moyens suffisants. Ce qui distingue FBS à cet égard, c'est que nous depuis un an, nous portons un vrai projet, il ne suffit pas de se regrouper pour regrouper, il ne suffit pas de faire masse pour faire masser, encore faut-il avoir un vrai projet. C'est ce que nous avons à FBS et je crois que c'est ce qui nous distingue d'un certain nombre de regroupements en cours ou annoncés.

Les ESC d'Amiens Picardie, ESC Clermont, ESC Bretagne Brest et l'ESCEM n'ont pas le même classement. FBS est-il autant intéressant pour les 4 écoles ?

François Duvergé : Alors FBS regroupe 4 écoles de positionnement différent, de classement différent, de réputation différente et je sais ce que l'on va dire... et ce que l'on dit déjà... Au fond, cela va tirer vers le bas et l'ESCEM par exemple qui est l'école aujourd'hui la mieux classée va être tirée par le bas par les autres. Je ne partage pas cet avis pour une raison simple. C'est qu'en fait, aujourd'hui le classement des écoles dépend pour l'essentiel du résultat sur le concours des classes prépas. Et aujourd'hui, il faut savoir qu'une école sur deux est en deçà de ses objectifs sur le concours classe prépa puisqu'il n'y a pas assez de candidats pour remplir l'ensemble des places mises au concours. Et donc mécaniquement de toute façon, de plus en plus d'écoles seront mal classées par ce concours. 

Or c'est particulièrement injuste puisqu'au plan pédagogique, les petites écoles qui ont fait des gros efforts, comme les grandes écoles, pour se structurer, pour développer un corps professoral, développer de la recherche mais au plan pédagogique, ces petites écoles ont des pépites, ont des qualités pédagogiques qu'on ne trouve souvent plus dans les grosses. Et effectivement, des écoles comme Brest, Amiens, qui sont moins bien classées que l'ESCEM, vont apporter des compétences sur lesquelles nous allons capitaliser, tout comme ces petites écoles vont tirer profit de ce que nous faisons aujourd'hui peut-être mieux qu'elles. C'est donc une démarche où chacun va s'enrichir des meilleurs savoir-faires des autres.       

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Sébastien Lardez AUTEUR : Sébastien Lardez

Fondateur d'Ecoles2commerce.com et diplômé de GEM. Je blogue sur le monde des grandes écoles de management et m'intéresse particulièrement au web, à l'innovation et au monde de l'entrepreneuriat.

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