Réussir l’épreuve d’Analyse de situation Audencia

Tout d’abord, pour bien se préparer à cette épreuve, il est nécessaire et capital de savoir ce qu’est l’analyse de situation. Ce n’est malheureusement ni une dissertation, ni un cas pratique, ni une synthèse de document, rien de ce que vous avez pu apprendre jusque là dans le cursus français. C’est tout simplement, à la manière d’un édito pour un journal ou d’un débat avec Steeve chez Ruqier, l’exposition d’une argumentation visant à défendre son propre point de vue illustré avec aussi bien des faits d’actualité qu’avec sa propre culture philosophique, historique, scientifique…etc.

Préparation de l'épreuve

L’analyse de situation exige, de par la nature de ses sujets, de se tenir au courant de toute l’actualité française et étrangère. Je vous invite également à aller voir vous-même les différents sujets disponibles sur le site d’Audencia.

Les sujets et l'actualité

Tout d’abord, remarque importante, les sujets traitent de sujets polémiques (fichier ADN, contrôle des médias), sur lesquels il vous faudra alors exposer de façon structurée et cohérente votre point de vue sans jamais tomber dans le débat d’idées stériles. On vous demande en réalité d’exposer les arguments clefs qui vous ont convaincu et qui sont susceptibles de convaincre votre jury. Ainsi, l’analyse de situation est un « débat d’arguments » visant à défendre une opinion et non une vulgaire discussion de comptoir.

Je vous conseille donc de vous abonner au plus vite à « Courrier International », journal hebdomadaire ou encore mieux d’aller consulter directement les sites internet des journaux anglo-saxons. La valeur ajoutée des articles étrangers née des différences culturelles qui confrontent nos certitudes avec leurs interrogations. Bien sûr, lisez aussi les journaux nationaux et reléguez le 20 minutes au simple entraînement aux mots croisés.

La forme et ses contraintes

Par ailleurs, il faut vous préparer à la spécificité de forme de l’épreuve. L’analyse de situation est une épreuve de 45 minutes, un temps très court et très déstabilisant pour les professionnels de la dissertation en 4h. Voici deux conseils simples qui pourront vous sembler utiles (ou non) :

Faites une liste d’introductions générales rédigées en bon français pour les sujets phares de l’actualité (économie, finance, la politique française et étrangère, le social, l’environnement).
Repérer les idées/arguments principaux de chacun des grands débats d’actualité.

Le premier vous permettra de gagner du temps et surtout de donner une première bonne impression à votre jury qui lira très sûrement le reste de votre copie en diagonale. Le deuxième sera nécessaire pour éviter le piège de la banalité, et vous permettra de balayer rapidement dans l’introduction la pensée commune pour mettre en lumière vos arguments, votre point de vue.

Enfin, il est important que vous travailliez sur des aspects techniques tels que la syntaxe et l’orthographe puisque vous n’aurez pas le temps de relire votre copie. Ce conseil peut sembler trivial et redondant, mais sans relecture ni brouillon vous serez nécessairement amenés à faire des fautes, beaucoup de fautes. Maintenant que vous êtes prêt, l’épreuve en elle-même !

L'épreuve le Jour J

La structure

L’analyse de situation n'est pas une dissertation, pas de thèse ou d’anti-thèse ou encore de bla-bla académique ronflant. Il est nécessaire d’être concis et percutant, quitte à être provoque ou réactionnaire, le plus important est de convaincre votre interlocuteur de la pertinence de vos propos, ne l’oubliez jamais. La structure s’articule ainsi :

Introduction

Accroche
Définition des mots du sujet (si besoin)
Cadre de l’argumentation
Point de vue
Présentation des arguments

Développement :

Argument 1 + Exemple
Transition
Argument 2 + Exemple
Conclusion

L’introduction est grosso modo une introduction classique sauf qu’il n’y a pas de problématisation et la présentation des arguments remplace l’annonce de plan. Le développement est articulé autour de 2 arguments (3 maximums) avec des transitions ultra importantes. La bonne articulation des idées permet premièrement de fluidifier le cheminement intellectuel et deuxièmement de convaincre son interlocuteur du caractère « logique » de votre raisonnement. (« Les hommes sont mortels, un chien est mortel, donc le chien est un homme »… ça parait logique ? Un peu, mais c’est pourtant tout à fait stupide).

Le contenu

Qu’attend-t-on de votre point de vue? Votre préférence politique ou religieuse? Bien sûr que non. Les sujets n’orientent pas vers un débat des goûts ou des couleurs, mais plutôt vers une prise de position du candidat. De plus, contrairement à la dissertation, vous devez soutenir ce point de vue tout au long de votre essai, donc à la poubelle le schéma thèse-anti thèse-synthèse.

« Argument est un mot ancien qui veut dire la blancheur de l'aube. C'est tout ce qui s'éclaircit et se discerne dans cette pâleur qui survient en quelques instants »
Pascal Quignard

Votre copie doit mettre en exergue vos arguments de manière à obliger votre correcteur à douter de ses propres certitudes. La citation de Pascal Quignard montre bien que l’argumentation est comme une révélation, une évidence. Tout argument qui ne présente pas cette force, n’est simplement pas un argument valable. Pour exemple, l’un des sujet 2010 était Les suicides au travail: les employeurs ont-ils une part de responsabilité ?

J’ai personnellement répondu que non … non les employeurs ne sont pas responsables ! Je vous rassure, je suis intimement persuadé du contraire. Toutefois, je vais vous présenter mes arguments.

Argument 1 : Tout d’abord, il existe aujourd’hui un certain nombre de moyens mis à la disposition des salariés pour exprimer leur mécontentement: grève, manifestation, arrêt de travail pour troubles psychologiques, saisie des syndicats ou du médecin du travail, demande de reclassement professionnel…etc. L’employeur, qui par postulat est honnête (qui respecte la loi), est tenu d’offrir à ses employés ce panel d’opportunités. Au regard d’un acte si extrême et probablement très complexe, l’employeur est évidemment exempt de tout reproche et ne peut être tenu pour responsable. (Argument d’autorité)

Argument 2 : De plus, l’employeur (en tant qu’entreprise) est une structure économique, dont l’objet social est de se développer et réaliser des profits. La société civile aujourd’hui n’a pas défini l’entreprise comme une structure visant à aider et à maximiser le confort de ses employés. La preuve en est, les contrats de travail précisent que l’employeur se doit de rémunérer l’employé en contrepartie d’un travail donné. L’employé est conscient et accepte ces conditions, que ce soit au niveau des exigences ou de la nature du travail à accomplir. L’employeur ne porte donc pas la responsabilité d’une faiblesse psychologique de ses employés, parce que ce n’est pas son rôle tout simplement.

Conclusion : La société est la réelle responsable des suicides et non les employeurs car elle les désarme de moyens d’action et les décharge d’une responsabilité civile auprès de ses salariés. La société civile est garante du bon équilibre entre les forces économiques et les revendications sociales, le législateur porte la responsabilité de tout déséquilibre puisque c’est à lui de veiller au bon fonctionnement de la vie de ses concitoyens.

Bien sûr, il est nécessaire d’étayer avec des exemples, mais mon argumentation m’a valu un 14/20. Et pourtant je suis persuadé que mon correcteur et beaucoup d’entre vous, êtes convaincus du contraire. Il semble tout simplement que mon jury ait trouvé mon exercice de sophiste convaincant et original.

L’originalité des arguments est donc un critère de notation important et l’analyse de situation pousse le candidat à chercher des arguments en dehors des sentiers battus. Si la question existe, c’est bien qu’il y a matière à réflexion !

Conclusion

En conclusion, l’analyse de situation est surement l’épreuve écrite la plus délicate qui vous sera donnée de faire. Elle ne ressemble absolument à rien de ce que vous avez déjà fait et ne dure que 45 minutes. Donc soyez convaincant, pertinent et original!

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